- « La joie et le bonheur sont deux notions totalement différentes. »
- « Dans la Bible, la joie n’est pas une émotion… »
- « Il y a une grande différence entre la joie et le bonheur. »
- « Le bonheur est une émotion passagère alors que la joie est une attitude de cœur. »
À en juger par de tels propos (et on peut aisément en trouver des centaines d’autres), on pourrait croire que la distinction entre « joie » et « bonheur » est bibliquement fondée. Pourtant, ce n’est pas le cas.
John Piper écrit ceci : « Si vous vous êtes créées de jolies petites boîtes pour y placer des idées comme « la joie est pour les chrétiens » et « le bonheur est pour le monde », vous pouvez les mettre au rebut avant de sonder la Bible. Car dans la Bible, il n’y a aucune distinction langagière quand elle parle de bonheur, de joie, de contentement ou de satisfaction. »
Dans la Bible, selon les traductions, il y a plus de 100 versets qui mentionnent à la fois la joie et le bonheur :
- « Pour les Juifs, c’est une joie débordante, un immense bonheur, une victoire. » (Esther 8.16, Parole de Vie)
- « Mes serviteurs crieront de joie car ils connaîtront le bonheur. » (Esaïe 65.14, Bible du Semeur)
- « Donne cette joie à ton père et à ta mère, ce bonheur à celle qui t’a mis au monde. » (Proverbes 23.25, Bible en français courant)
Dans ces passages, le lien entre la joie et le bonheur nous permet de réfuter deux affirmations courantes. La première : « la Bible ne parle pas du bonheur » et la seconde : « joie et bonheur n’ont pas la même signification. » En réalité, la Bible déborde de récits dans lesquels on peut voir le peuple de Dieu heureux en lui.
Quand on différencie les termes « joie » et « bonheur », le résultat est que l’on occulte leur véritable signification. Généralement, on dit d’une personne qu’elle est joyeuse quand elle parait contente et de bonne humeur ou qu’elle sourit ou rit beaucoup. Disons-le clairement, elle est heureuse ! Dans nos églises, c’est une tendance récente que celle d’opposer les mots « joie » et « bonheur ».
À travers l’histoire, la joie et le bonheur en Christ ont souvent été assimilés. Jonathan Edwards par exemple cite Jésus en Jean 15.11 : « que ma joie soit en vous » (Bible Louis Segond) afin de justifier cette affirmation : « Le bonheur que le Christ donne à son peuple participe à son propre bonheur ».
Charles Spurgeon formule ceci : « Puissiez-vous ainsi venir, que votre vie soit remplie de bonheur et débordante de joie ! » Le point de vue de Spurgeon sur le bonheur et la joie, tel qu’il est manifesté dans des centaines de ses sermons, s’oppose totalement au mur que l’église contemporaine a érigé de manière artificielle entre ces deux notions.
En contradiction flagrante avec les croyants ayant vécu avant le vingtième siècle, de nombreux chrétiens contemporains ont décrit le bonheur comme étant au mieux, inférieur à la joie et au pire, mauvais. Oswald Chambers (1874-1917), que je respecte énormément, est l’un des premiers enseignants de la Parole à s’être élevé contre le bonheur. Chambers a écrit : « Le bonheur n’est pas la norme pour les hommes et les femmes, car notre bonheur exige que nous ignorions résolument Dieu et ses exigences ».
Après des recherches approfondies, je suis convaincu qu’il n’existe aucun fondement biblique ou historique pour certifier que le bonheur puisse être intrinsèquement souillé par le péché. Malheureusement, puisque des enseignants de la Bible, comme Chambers, ont vu que certains essayaient d’atteindre le bonheur dans le péché, ils ont conclu que la poursuite du bonheur était empreinte du péché.
Chambers, qui était véritablement un grand enseignant de la Bible et un disciple du Christ, a prétendu que « dans la Bible, on ne trouve aucune mention du bonheur pour le chrétien ». De la même manière, dans un contexte anglophone, on entend souvent des affirmations comme celle-ci : « la joie est mentionnée dans 155 versets de la traduction King James de la Bible, alors le bonheur n’est pas même mentionné ».
Le problème avec de telles déclarations est qu’elles sont tout simplement fausses. Dans cette même traduction King James utilisée par Chambers, il y a au total 29 occurrences du terme « happy » (que l’on choisit ici de traduire par « heureux »). Par exemple, Jésus a dit à ses disciples : « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » (Jean 13.17, Louis Segond) L’apôtre Paul a écrit ces mots aux chrétiens : « Toi, tu as de la foi ; aie-la par devers toi-même devant Dieu ; bienheureux est celui qui ne se juge pas lui-même en ce qu’il approuve […] » (Romains 14.22, Darby).
Tout comme le terme « saint » implique la sainteté, « joyeux » implique la joie et « content » implique le contentement, de toute évidence « heureux », induit la notion de bonheur !
Est-il vrai que la joie n’est pas une émotion ?
Prétendre que « la joie n’est pas une émotion » (une affirmation qui apparaît sur Internet plus de 17 000 fois en anglais), c’est répandre un mythe sans fondement biblique.
Il y a cent ans, chaque chrétien connaissait le sens du terme « joie ». Aujourd’hui, si vous posez cette question à quelques chrétiens : « La joie, ça signifie quoi ? », la plupart chercheront leurs mots, mais tous s’accorderont avec emphase pour dire que : « joie et bonheur sont deux choses différentes ». Cela revient à dire que la pluie n’est pas humide ou que la glace n’est pas froide. L’Écriture, comme les dictionnaires ou la langue que nous parlons quotidiennement ne concordent pas avec cette distinction.
Certains prétendent que la joie est un fruit de l’Esprit, mais que ce n’est pas une émotion. Or, en Galates 5:22, « amour » et « paix » entourent le mot « joie ». Lorsque l’on aime quelqu’un, ne ressent-on pas quelque chose ? Qu’est-ce que la paix si ce n’est un sentiment que l’on éprouve ?
J’ai fait cette recherche dans Google : « définition joie ».
Le premier résultat est issu de Wikipédia : « La joie est une émotion ou un sentiment de satisfaction plus ou moins durable […] ».
Ces définitions sont cohérentes avec d’autres dictionnaires et ce que ces mots signifient dans les conversations ordinaires, mais elles contredisent d’innombrables ouvrages et sermons chrétiens.
Dieu n’a pas seulement créé nos esprits, il a aussi créé nos cœurs. C’est une mauvaise idée que d’opposer les notions de bonheur et de joie. Il est préférable d’embrasser avec satisfaction les émotions que l’on éprouve quand on connait, que l’on aime et que l’on suit Jésus.
« Bonheur » est synonyme de « joie ».
Consultez un ou plusieurs dictionnaires et voyez à quel point ce contraste supposé entre la joie et le bonheur est artificiel. La première définition de la joie donnée dans le dictionnaire Larousse en ligne est : « Sentiment de plaisir, de bonheur intense, caractérisé par sa plénitude et sa durée limitée, et éprouvé par quelqu’un dont une aspiration, un désir est satisfait ou en voie de l’être : Ressentir une grande joie. Être fou de joie. » Le dictionnaire Littré propose quant à lui ces définitions : « Plaisir de l’âme », « Au pluriel, Plaisirs, jouissances. Les joies du paradis » et « Gaieté, humeur gaie. La joie bruyante des convives. »
Qu’en est-il dans les dictionnaires chrétiens ? Le dictionnaire en anglais Evangelical Dictionary of Biblical Theology définit la joie comme étant le « bonheur en réponse à un bien inattendu ou présent ». Un autre dictionnaire en anglais, l’Evangelical Dictionary of Bible Themes définit le bonheur comme étant « un état de plaisir ou de joie expérimenté à la fois par les gens et par Dieu ». Le bonheur est de la joie. La joie est du bonheur. Pratiquement tous les dictionnaires, qu’ils soient chrétiens ou non, reconnaissent cela.
Attardons-nous sur des expressions courantes :
- Il a sauté de joie.
- Il est notre fierté et notre joie.
- J’ai pleuré de joie.
La grande majorité de leurs usages à travers l’histoire en langue anglaise ou française, dans la littérature anglaise ou française, dans les traductions de la Bible en anglais ou en français et dans les dictionnaires anglais ou français prouvent que ces deux mots ont beaucoup plus de similitudes que de disparités.
Les distinctions formulées aujourd’hui entre « bonheur » et « joie » sont totalement en contradiction avec leurs usages.
Dieu désire que nous soyons heureux, mais depuis trop longtemps, nous avons éloigné l’Évangile de ce que Dieu veut pour nous.
Il faut renverser cette interprétation. À la lumière de l’Écriture et de l’histoire de l’église, redonnons son sens perdu au terme « bonheur ». Notre message ne devrait pas être « il ne faut pas rechercher le bonheur », mais « vous trouverez en Jésus le bonheur et la joie que vous avez toujours désirés ».
Is There a Difference Between Happiness and Joy?
An ungrounded, dangerous separation of joy from happiness has infiltrated the Christian community. The following is typical of the artificial distinctions made by modern Christians:
Joy is something entirely different from happiness. Joy, in the Biblical context, is not an emotion. . . . There is a big difference between joy and happiness. Happiness is an emotion and temporary; joy is an attitude of the heart.[i]
Judging from such articles (and there are hundreds more out there), you’d think the distinction between joy and happiness is biblical. It’s not.
John Piper writes, “If you have nice little categories for ‘joy is what Christians have’ and ‘happiness is what the world has,’ you can scrap those when you go to the Bible, because the Bible is indiscriminate in its uses of the language of happiness and joy and contentment and satisfaction.”[ii]
Here’s a sampling of the more than one hundred Bible verses in various translations that use joy and happiness together:
- For the Jews it was a time of happiness and joy, gladness and honor. (Esther 8:16, NIV)
- I will turn their mourning into joy. . . and bring happiness out of grief. (Jeremiah 31:13, HCSB)
- Give your father and mother joy! May she who gave you birth be happy. (Proverbs 23:25, NLT)
The relationship between joy and happiness in these passages refutes two common claims: (1) that the Bible doesn’t talk about happiness, and (2) that joy and happiness have contrasting meanings. In fact, the Bible overflows with accounts of God’s people being happy in him.
Depicting joy in contrast with happiness has obscured the true meaning of both words. Joyful people are typically glad and cheerful—they smile and laugh a lot. To put it plainly, they’re happy!
Opposition to the word happiness is a recent development in the church.
There’s a long rich, history of equating joy with happiness in Christ. For example, Jonathan Edwards cited John 15:11 (“that [Jesus’] joy might remain in you,” KJV) to prove this point: “The happiness Christ gives to his people, is a participation of his own happiness.”
Charles Spurgeon said, “May you so come, and then may your Christian life be fraught with happiness, and overflowing with joy.”[iii] Spurgeon’s views of happiness and joy, evident in hundreds of his sermons, are completely contrary to the artificial wall the contemporary church has erected between the two.
In stark contrast to believers prior to the twentieth century, many modern Christians have portrayed happiness as, at best, inferior to joy and, at worst, evil. Oswald Chambers (1874–1917), whom I greatly respect, is one of the earliest Bible teachers to have spoken against happiness. Chambers wrote, “Happiness is no standard for men and women because happiness depends on my being determinedly ignorant of God and His demands.”[iv]
After extensive research, I’m convinced that no biblical or historical basis exists to define happiness as inherently sinful. Unfortunately, because Bible teachers such as Chambers saw people trying to find happiness in sin, they concluded that pursuing happiness was sinful.
Chambers, a truly great Bible teacher and Christ-follower, claimed that “there is no mention in the Bible of happiness for a Christian.” Likewise, it’s common to hear people make claims like this: “Joy is in 155 verses in the KJV Bible, happiness isn’t in the Bible.”[v]
The problem with these statements is that they simply aren’t true. Happy is found in the King James Version, which Chambers used, a total of twenty-nine times. For example, Jesus told his disciples, “If ye know these things, happy are ye if ye do them” (John 13:17). The apostle Paul wrote these words to Christians: “Happy is he that condemneth not himself in that thing which he alloweth” (Romans 14:22).
Just as holy speaks of holiness and joyful speaks of joy and glad speaks of gladness, obviously happy speaks of happiness!
Is it true that joy is not an emotion?
The idea that “joy is not an emotion” (a statement that appears online more than 17,000 times) promotes an unbiblical myth.
A hundred years ago, every Christian knew the meaning of joy. Today, if you ask a group of Christians, “What does joy mean?” most will grope for words, with only one emphatic opinion: that joy is different from happiness. This is like saying that rain isn’t wet or ice isn’t cold. Scripture, dictionaries, and common language don’t support this separation.
Some claim that joy is a fruit of the Spirit, not an emotion. But in Galatians 5:22, love and peace surround the word joy. If you love someone, don’t you feel something? What is peace if not something you feel?
I googled “define joy,” and the first result was this dictionary definition: “a feeling of great pleasure and happiness.” This definition harmonizes with other dictionaries and ordinary conversations, yet it contradicts countless Christian books and sermons.
God created not only our minds but also our hearts. It’s ill advised to pit happiness and joy against each other rather than embracing the emotional satisfaction of knowing, loving, and following Jesus.
Happiness is a synonym for joy.
Consult English dictionaries and you’ll see how contrived this supposed contrast between joy and happiness is. The first definition of joy in Merriam-Webster’s dictionary is “a feeling of great happiness.”[vi] The American Heritage Dictionary defines joy as “intense and especially ecstatic or exultant happiness.”[vii]
What about Christian dictionaries? The Evangelical Dictionary of Biblical Theology defines joy as “happiness over an unanticipated or present good.”[viii] The Dictionary of Bible Themes defines happiness as “a state of pleasure or joy experienced both by people and by God.”[ix] Happiness is joy. Joy is happiness. Virtually all dictionaries, whether secular or Christian, recognize this.
Consider our common expressions:
- “He jumped for joy.”
- “He is our pride and joy.”
- “I wept for joy.”
According to the vast majority of the usages of these two words in (1) English history, (2) English literature, (3) Bible translations, and (4) English dictionaries, the words have far more in common with each other than not.
Modern distinctions between happiness and joy are completely counterintuitive.
For too long we’ve distanced the gospel from what God created us to desire—and what he desires for us—happiness.
We need to reverse the trend. Let’s redeem the word happiness in light of both Scripture and church history. Our message shouldn’t be “Don’t seek happiness,” but “You’ll find in Jesus the happiness and joy you’ve always longed for.”
Learn more in Randy's book Happiness.
[i] Brian Cromer, “Difference between Joy and Happiness,” Briancromer.com (blog), April 28, 2008.
[ii] John Piper, “Let Your Passion Be Single,” Desiring God, November 12, 1999.
[iii] Spurgeon, “A Happy Christian” (Sermon #736).
[iv] Oswald Chambers, Biblical Ethics (Great Britain: Oswald Chambers Publications, 1947), 14.
[v] “In Your Opinion, What’s the Difference between Joy and Happiness?” Yahoo! Answers.
[vi] Merriam-Webster Unabridged Dictionary (Britannica Digital Learning, 2014), s.v. “joy."
[vii] American Heritage Dictionary of the English Language, 4th ed., s.v. “joy.”
[viii] Evangelical Dictionary of Biblical Theology, ed. Walter A. Elwell (Grand Rapids, MI: Baker, 1996), s.v. “joy.”
[ix] Martin H. Manser, Dictionary of Bible Themes: The Accessible and Comprehensive Tool for Topical Studies (London: Martin Manser, 2009), s.v. “happiness.”
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